Voici comment les ingénieurs de la SNCF ont construit la "locomotive moderne" dans les années '50 pour l'électrification en monophasé de l'artère
Nord-Est de la France. On distingue 4 séries de machines :
 


Par avance je vous prie de m'excuser pour les abréviations et autres sigles
que les non-initiés auront malheureusement un peu de mal à comprendre. Ceux
qui désireraient le document in extenso ainsi que les schémas sont invités à
me contacter par e-mail :  je.leroy@wanadoo.fr.
 
 
 

Locomotives SNCF CoCo 14.000 pour courant 25 kV à 50 Hz (années '50)

 

Généralités.

Principe de la machine

Le courant MONOPHASÉ de la caténaire est transformé en TRIPHASÉ par un "Convertisseur de phases" MS. Ce triphasé alimente un alternateur "Changeur de fréquence" MA. C'est le MA qui alimente 6 moteurs de traction asynchrone triphasé sous tension et fréquence variable.
 

Principe de fonctionnement du MA

1 - Au cours du lancement de groupes.

Quand le MS est accroché, il restitue du courant triphasé fréquence 50 Hertz qui alimente le rotor MA. Celui-ci produit un champ qui tourne à 750 tr/min.
Le stator subit les variations de champ et devient le siège d'un courant induit qui, pour s'opposer à la cause qui le fait naître (la rotation du champ), force le rotor MA à démarrer en sens inverse du champ et à accélérer. Le champ sera presque immobile par rapport au stator quand le rotor tournera à 750 tr/min, au glissement près.

Pendant cette période, le MA fonctionne en moteur asynchrone.

2 - Au cours de la traction.

 
De 0 à 23 km/h : MC est dynamo et GC moteur.

De 23 à 60 km/h : GC est dynamo et MC moteur.


La fréquence varie de 0 à 135 Hz, la tension de 0 à 1.350 V et la vitesse de
rotation des moteurs de traction de 0 à 1.570 tr/min.

RELAIS DIFFÉRENTIELS

Pour qu'un moteur asynchrone triphasé fonctionne dans de bonnes conditions, il est essentiel que le courant d'alimentation ait ses phases bien
équilibrées, c'est-à-dire qu'il passe un courant de même valeur dans chaque enroulement de phase.

On est protégé contre un déséquilibre des phases en montant des relais différentiels (QM1, QM2, QM3). Ces relais différentiels comportent 3
enroulements :
 


Les contacts auxiliaires de ces relais sont placés sur le circuit de 2 lampes jaunes LSQM. Les moteurs de traction sont alimentés en parallèle par
groupes de deux, soit 3 groupes.

Dans les 2 enroulements primaires montés en opposition, le champ résultant est nul s'il passe un courant de même valeur dans chacun d'eux (les courants étant de sens contraire). L'induction dans !'enroulement secondaire est nulle et les relais QM me s'enclenchent pas.

En cas de coupure dans une phase (groupe 1 par exemple) le relais QM1 s'enclenche, son contact auxiliaire se ferme et les lampes LSQM s'allument.

Les relais différentiels , QM1, QM2, QM3 jouent également le rôle de relais d'anti-patinage. Si l'un des essieux est déchargé par rapport aux autres sa
vitesse peut augmenter et atteindre une valeur très voisine du synchronisme alors que les autres essieux chargés auront une vitesse inférieure due au
glissement. Le même phénomène qu'en cas de coupure se produit. Un relais QM s'enclenche (celui du groupe de moteur déchargé) et les lampes LSQM s'allument.
 

LES CONTACTEURS DE LIGNE (C31, C32, C33)

CIRCUIT DES AUXILIAIRES


HBA (Coupe-Circuit Batterie) fermé et un pantographe levé.

Le disjoncteur se ferme et le primaire du TFP (Transformateur Principal)
alimenté induit le secondaire. Celui-ci possède plusieurs prises :
 


La prise à 380 V alimente les enroulements monophasés de l' ARNO (i.e. le Groupe-Convertisseur Mono-Triphasé des Auxiliaires), les voltmètres de ligne et le Q 30.

La prise à 600 V alimente l'enroulement auxiliaire de démarrage de l' ARNO via une résistance de déphasage.

La prépondérance est alors donnée à l'un des 2 champs tournants. L'ARNO démarre, entraînant mécaniquement la GE et la GA. De plus, il restitue du
courant triphasé mal équilibré qui alimente :
 


Dès que la GE est entraînée suffisamment vite, elle s'amorce et fait enclencher le conjoncteur-disjoncteur C130.

L' ARNO (son enroulement auxiliaire n'étant plus alimenté de par l'ouverture de C118, relais de fermeture du disjoncteur) restitue du courant triphasé
équilibré qui alimente MPH, MPH1 à MPH4. Ces moteurs prennent alors leur vitesse de régime.
 

LANCEMENT DES GROUPES (Circuit de Traction)


Il s'effectue en 3 temps :
 

Dans ce premier temps, GC moteur entraîne le MS jusqu'à la vitesse du
synchronisme (1.000 tr/min).

RECHARGE BATTERIE


Dès la fermeture du DJ, l' ARNO démarre, entraînant mécaniquement la GE et la GA. Dès que la GE est entraînée à vitesse suffisante, elle s'amorce et
alimente la bobine "tension" du C130, retourne au moins par le contact auxiliaire du C118 (fermé tant que BP3 ou BP4DJ est appuyé car, alors, C118
est excité) et l'enroulement série de la GE.

La bobine "tension" étant alimentée, la C130 s'enclenche, ententraînant ses contacts auxiliaires :
 


Le C130 étant fermé, le circuit de la GE alimente la bobine "débit", recharge la batterie et alimente le circuit de commande.

On voit que les bobines "tension" et "débit" sont traversées par des courants de même sens. Leurs champs magnétiques s'ajoutent. Le champ
résultant est alors amplement suffisant pour maintenir le conjoncteur-disjoncteur fermé.

Dès que la lampe verte est éteinte, le mécanicien lâche BP3DJ ou BP4DJ ce qui a pour effet d'ouvrir C118. Son contact auxiliaire s'ouvre et le retour
au moins GE s'effectue en passant par la RC130. L'intensité est alors diminuée dans la bobine "tension". Le champ magnétique résultant est alors
tout juste suffisant pour maintenir le conjoncteur-disjoncteur fermé.

Si, pour une raison quelconque la tension GE diminue, la tension BA devient prépondérante, il y a retour du courant BA vers la GE. La bobine "débit" est
alors traversée par un courant de sens contraire à celui qui traverse la bobine "tension". Les champs magnétiques deviennent donc soustractifs et le,
champ résultant n'est plus suffisant pour maintenir le C130 enclenché.
Celui-ci déclenche entraînant ses contacts auxiliaires :
 


Le C130 étant ouvert, tout retour de courant de BA vers GE est impossible.
 

REMARQUE


Sur les CoCo 14.000, la GE alimente aussi :
 


 
 

Mini lexique :


GE :  Génératrice de recharge batterie,
GA :  Génératrice Auxiliaire,
DJ :   Disjoncteur,
TV :  Triple-Valve (distributeur de freinage non modérable au desserrage.